Ce blog présente mes principales créations en couture, décoration intérieure, jardinage, cuisine facile et relooking de meubles, ainsi que des idées de sorties culturelles.
Je vous propose aujourd'hui une plongée dans l'univers de Colette en Puisaye-Forterre car c'est pays natal de l'écrivain qui y situe notamment Claudine à l'école.
Nous arpentons les bois mystérieux, les haies et les étangs sur ses pas, attentifs à l'atmosphère particulière qui se dégage de ces paysages.
A la découverte des odeurs, des couleurs, des sensations et des impressions qu'elle rendaient si vivantes dans ses ouvrages, nous croisons végétaux, oiseaux, champignons et petites bêtes...
(...) J'appartiens à un pays que j'ai quitté. Tu ne peux empêcher qu'à cette heure s'y épanouisse au soleil toute une chevelure embaumée de forêts. Rien ne peut empêcher qu'à cette heure l'herbe profonde y noie le pied des arbres, d'un vert délicieux et apaisant dont mon âme a soif... Viens, toi qui l'ignores, viens que je te dise tout bas : le parfum des bois de mon pays égale la fraise et la rose ! Tu jurerais, quand les taillis de ronces y sont en fleurs qu'un fruit mûrit on ne sait où - là-bas, ici, tout près - un fruit insaisissable qu'on aspire en ouvrant les narines. Tu jurerais, quand l'automne pénètre et meurtrit les feuillages tombés, qu'une pomme trop mûre vient de choir, et tu la cherches et tu la flaires, ici, là-bas, tout près... Et si tu passais, en juin, entre les prairies fauchées, à l'heure où la lune ruisselle sur les meules rondes qui sont les dunes de mon pays, tu sentirais, à leur parfum, s'ouvrir ton coeur. Tu fermerais les yeux, avec cette fierté grave dont tu voiles ta volupté, et tu laisserais tomber ta tête, avec un muet soupir... Et si tu arrivais, un jour d'été, dans mon pays, au fond d'un jardin que je connais, un jardin noir de verdure et sans fleurs, si tu regardais bleuir, au lointain, une montagne ronde où les cailloux, les papillons et les chardons se teignent du même azur mauve et poussiéreux, tu m'oublierais, et tu t'assoirais là, pour n'en plus bouger jusqu'au terme de ta vie (...).
Colette : extrait des Vrilles de la Vigne (jour gris)