Nous profitons de cette dernière journée ensoleillée pour flâner dans la région des lacs. D'origine glaciaire, ils bénéficient d'un climat particulièrement doux ce qui permet à une végétation luxuriante de se développer sur les rives. Les cimes et les sapins se reflètent dans l'eau claire, mêlant ainsi les espèces alpines à celles exotiques : azalées, rhododendrons, camélias, dahlias, érables, bougainvilliers, pamplemousses, oranges amères...
Il se dégage de l'ensemble une impression étrange et envoutante, renforcée par le charme des palais centenaires, des belles villas Liberty et des constructions éclectiques. Mêler les espèces végétales qui ne poussent pas au même endroit, les styles architecturaux... N'était-ce pas le procédé utilisé par les peintres de la Renaissance pour représenter le paradis terrestre ?
La route de la corniche nous mène à Stresa, point de départ des excursions vers les îles Borromées. L'archipel porte de nom de cette puissante famille qui, possédant une grande partie du lac, acheta progressivement toutes les îles au XV siècle.
Cap sur la petite île des pêcheurs qui a conservé son aspect de village malgré l'invasion de boutiques et de restaurants. Les ruelles étroites pavées de galets ronds sont charmantes mais il faut progresser difficilement en piétinant dans la foule des touristes et attendre longtemps que le champ se libère pour prendre une photo ! J'ai renoncé à plusieurs reprises... Il faudra y retourner en basse saison, pourquoi pas en hiver, sous la neige ?
Nous reprenons ensuite le bateau pour nous rendre sur Isola Bella, nommée en l'honneur d'Isabella, la femme de Charles III Borromée.
Le palais qu'il avait fait construire, représentatif du baroque lombard, occupe pratiquement toute l'île. Certaines pièces sont décorées par des artistes renommés, disciples de Léonard de Vinci, qui firent triompher le baroque.
Les somptueuses salles accueillirent entre autres Napoléon en 1797 puis Mussolini lors de la conférence de Stresa, organisée avec les britanniques et les français en 1935 au sujet du réarmement de l'Allemagne...
Le style baroque explose au rez-de-chaussée ou se trouvent six "grottes" recouvertes de mosaïques et de coquillages, en bordure d'eau. On venait y chercher la fraîcheur les jours de grosse chaleur.
Nous poursuivons par le magnifique jardin à l'italienne, de forme pyramidale, qui s'enfonce dans les eaux bleues du lac.
Le gros camphrier a soufflé ses 200 bougies et murmure à ceux qui savent l'écouter des mélodies d'antan...
Planté d'essences innombrables et très odorantes, le jardin offre une composition baroque de dix terrasses ornées de statues, de bassins, de fontaines et de perspectives architecturales rappelant les décors de théâtre.
Tout en haut, l'"amphithéâtre" en forme de coquille participe à cette mise en scène grandiloquente alors que la grande statue de la licorne, symbole de la famille, chevauchée par Amour, culmine au sommet de cette composition.
Il est difficile de nous arracher à ce lieu paradisiaque, aux paons blancs qui prennent la pose, aux perruches, aux fleurs exubérantes, aux nénuphars et hibiscus enivrants, aux orchidées et plantes carnivores de la serre en rocaille mais l'heure tourne et nous ne pouvons pas nous permettre de rater le dernier bateau car il n'y a pas d'hôtel sur l'île.
J'entends la statue d'un petit putti joufflu rigoler doucement dans notre dos... C'est vrai qu'il a une vue imprenable...
Ciao Isola Bella
Milan regorge de petites églises aux trésors cachés, comme celle de Sant'Ambrogio. Fondée à la fin du IVe siècle par l'évêque Ambroise afin d'y déposer les corps des martyrs Gervais et Protais, elle est élevée sur un cimetière romain.
Les corps des trois saints reposent dans une châsse d'argent, visible dans la crypte alors que le maître-autel est recouvert de plaques d'or et d'argent, de cloisonné d'émail, filigranes et pierres semi-précieuses datant de la période carolingienne (IXs) et que la chapelle San Vittore in Ciel d'Oro abrite de belles mosaïques du Vs.
C'est toujours un peu bizarre de voir des squelettes revêtus de leurs plus beaux atours...
Mais ce qui m'a avant tout fait pousser les portes de cette basilique, c'est la présence d'un superbe ambon roman-byzantin du XII siècle. J'en avais maintes fois parlé dans mes cours mais n'avais encore jamais eu la chance d'en voir un... Ce pupitre en marbre utilisé pour la lecture des Évangiles repose sur un sarcophage (début période chrétienne). Il est orné -fait très rare- de deux sculptures en cuivre doré : un aigle symbole de Saint jean et un ange représentant Saint Matthieu.
Cerise sur le gâteau, Sant'Ambrogio possède des lignes très pures, est précédée d'un bel atrium orné de chapiteaux de style roman lombard (XI-XIIs) et sa façade percée d'arcs est encadrée par deux campaniles.
Dernier édifice religieux de la journée, la basilique de Saint Eustorgio.
Ancien siège de l'Inquisition, des fouilles ont mis au jour une abside et une nécropole chrétienne d'époque romaine dans lesquelles nous pénétrons. Dans la pénombre car l'heure de la fermeture approche, nous déambulons entre les sarcophages.
Les époques se superposent dans l'église mais l'intérêt réside surtout dans la chapelle Portinari. Elle porte de nom d'un banquier travaillant pour les Médicis qui souhaita offrir une sépulture à Saint-Pierre de Vérone, dominicain et inquisiteur mort dans un guet-apens en 1252, d'un coup de serpe dans la tête...
Cette chapelle abrite le plus grand cycle de fresques du XVs milanais peint par Foppa et l'arc de Saint-Pierre martyre se dresse au centre. En marbre, sculpté par Giovanni di Balduccio au XIV siècle, il est considéré comme un chef d’œuvre de la sculpture gothique italienne.
Nous achevons notre journée par une agréable promenade le long de l'ancien port de Milan et des deux derniers canaux qui subsistent : le Naviglio Grande et le Naviglio Pavese. Conçus par Léonard de Vinci (entre autres) au XVI siècle, ils avaient à l'origine une fonction défensive car ils entouraient la ville mais permettaient également une voie de communication navigable active car on y achemina le marbre pour la construction du Duomo par exemple. Ils sont bordés par des maisons colorées pittoresques et s'animent le soir avec les bars et restaurants à la mode.
Les boutiques de luxe de la galerie Victor Emmanuel II n'étant pas à la portée de ma bourse, je me suis donc contentée d'admirer la belle architecture de ce passage emblématique de Milan, en forme d'une immense croix, construit en 1877.
L'impressionnante voûte de verre et d'acier culmine à 50 mètres et nous en rappelle une autre, contemporaine, celle du Grand Palais.
Juste derrière, nous découvrons un lieu dont la façade modeste contraste avec la somptuosité de la salle, un bâtiment chargé d'émotion mais ne proposant malheureusement aucun spectacle en cette période estivale. Nous nous promettons de revenir y écouter un opéra en hiver, en pleine saison lyrique.
Après cet incontournable passage au théâtre de la Scala, nous mettons le cap sur le château des Sforza, ancienne résidence des ducs de Milan.
Bâti à partir de 1450, il abrite derrière ses façades défensives de nombreux musées répartis dans deux jolies cours aux arcades Renaissance.
Le plus beau parc urbain de la ville s'étend derrière, d'inspiration antique.
Je ne peux visiter Milan sans vous parler d'un grand génie que vous connaissez tous, ne serait-ce qu'au travers un livre à succès de Dan Brown...
En effet, Léonard de Vinci est omniprésent dans la ville : de la statue devant la Scala aux musées du château des Sforza, en passant bien sûr par le Cenacolo, ancien réfectoire du couvent de l'église Santa Maria delle Grazie où Ludovic le More lui avait demandé de peindre la Cène. Cette célèbre fresque réalisée entre 1485 et 1497 évoque l'institution de l'Eucharistie. Bouche entrouverte, le Christ vient de finir de parler, laissant ses disciples stupéfaits.
Cette église est doublement intéressante car elle a vu s'affronter les plus grands artistes de la Renaissance, qu'ils soient peintres ou architectes. Si Léonard de Vinci a obtenu le marché de la fresque, Bramante lui a gagné celui de la tribune, de la sacristie, de la nef rectangulaire, de la coupole et du cloître.
Je rentre donc avec beaucoup d'émotion dans cet édifice, foulant précautionneusement les dalles d'un sol foulé par les grand maîtres, posant mes yeux aux mêmes endroits qu'eux, ma main peut-être aussi...
Si les pierres pouvaient parler...
Voici donc cette magnifique coupole à tambour qui repose sur quatre grands arcs en plein cintre et qui est dotée d'une galerie extérieure à 16 pans. Bramante joue avec la polychromie pour animer les murs en briques rouges, en soulignant certains éléments d'architecture par des pierres blanches... et la magie opère.
Prononcez "Milano" avec un accent chantant, en insistant légèrement sur le "A".
C'est fait ? Alors embarquement immédiat pour la deuxième plus grande ville d'Italie, une des plus dynamiques du pays.
Bonne surprise, le centre ville n'est guère étendu (ça nous change de Paris) et très bien desservi par le métro, les bus et tramways. Nous pouvons tout visiter à pied mais prenons un vieux tram pour nous amuser. Au bout de deux stations, nous descendons pour terminer à pied car il n'est pas climatisé et la température dépasse les 40° !
Nous axons nos visites autour d'un impressionnant chef-d’œuvre de l'architecture gothique flamboyante, le Duomo, afin d'admirer les variations de lumière sur cette cathédrale immaculée. En arrivant, le soleil levant, éblouissant nous frappe de plein fouet, nous gênant pour admirer les milliers de statues.
Nous nous réfugions à l'intérieur qui contraste par son austérité et son obscurité.
Plus longue que Notre-Dame de Paris (148 au lieu de 130m), la cathédrale impressionne par son transept de 91 mètres et ses cinq vaisseaux d'une hauteur prodigieuse. De magnifiques vitraux des XV et XVIe siècles décorent le chœur.
Nous cherchons la fraîcheur dans la crypte (photo ci-contre) où repose Saint Charles Borromée, archevêque de Milan mort en 1584 et admirons le trésor aux pièces d'orfèvrerie incrustées de pierres précieuses.
Il fait trop chaud pour monter les escaliers et nous prenons l'ascenseur pour accéder aux toits.
Moment magique où nous avons l'impression d'atteindre le ciel, entourés de 135 flèches d'une finesse extrême et de 2245 élégantes statues de marbre blanc.
Nous marchons précautionneusement sur les larges dalles qui couvrent la nef, impressionnés par la possibilité qui nous est donnée d’accéder à cette toiture habituellement interdite dans les autres bâtiments.
Nous imaginons les artisans se tenant en équilibre sur des échafaudages de fortune au moyen-âge, installant les statues au dessus du vide sans aucune protection et avons le vertige...
Au sommet, le "Tiburio", haute flèche de 108 m, est surmonté par la statue dorée de la Madonnina.
Nous quittons à regret notre repère d'aigle où nous pourrions passer des semaines à détailler les clochetons, pinacles, gâbles et statues mais la chaleur devient vraiment insoutenable et une intervention des pompiers ne doit pas être aisée dans ce réseau difficilement accessible...
Nous comprenons d'ailleurs mieux les consignes de sécurité qui nous avaient fait sourire à l'entrée, en particulier l'interdiction des ballons, des talons aiguilles et des descentes en luge sur la toiture pentue !
Et voici la dernière photo, la plus authentique peut-être, celle du Duomo au moment où les touristes ont déserté la place, où les pierres se teintent de rose-orangé, où le silence devient éloquent... au soleil couchant.
Nous continuons notre route et traversons des villages pittoresques protégés par de nombreux châteaux, maisons fortes et demeures historiques. S'ils ne sont pas tous visitables il est toutefois agréable d'admirer leurs silhouettes et d'imaginer ce que l'on pouvait trouver à l'intérieur, derrière leurs lourdes portes.
Fortifiés et massifs au XIIe siècle, ils perdent progressivement leur structure défensive -château monobloc d'Ussel- et s'enrichissent d'éléments décoratifs comme le célèbre château de Fénis.
Les forteresses se transforment alors en demeures seigneuriales, cédant au goût en vogue à la cour et témoignant de la présence de la maison de Savoie en vallée d'Aoste.
J'ai particulièrement aimé le château d'Aymavilles, avec son élégante allure caractérisée par quatre tours circulaires, hésitant entre moyen-âge et baroque.
Remanié au XVIIIe siècle, on lui a ajouté de grandes galeries ornées de riches décors en stuc qui comblent les espaces entre les tours.
Nous avons choisis de pénétrer dans l'impressionnant château de Fénis, édifié sur une butte.
Ses murs crénelés, ses tours et sa double enceinte imposants contrastent avec la délicate cour intérieure aux salles ornées de fresques. Saint-Georges terrassant le dragon domine l'escalier en pierre semi-circulaire et nous accueille pour une visite intéressante sur des planchers grinçants et de belles pièces d'ameublement valdôtain.
Cap sur le Val d'Aoste pour cette première étape. Nous laissons le glacier des Bossons, passons le tunnel du Mont Blanc et découvrons les versants Italiens des Alpes. Les vals sont jalonnés de petits villages aux toits de lauzes et balcons de bois largement fleuris en cette saison.
Cette petite escapade s'annonce bien, ils sont magnifiques sous ce soleil radieux et chargés d'histoire.
En effet, de nombreux sites préhistoriques, romains, moyenâgeux et d'époque renaissance se succèdent et témoignent de l'importance de cette voie de passage entre les sommets escarpés.
Nous commençons par la ville d'Aoste, édifiée en 25 avant J.C. par l'empereur Auguste, symbole de la colonisation romaine. Le centre-ville piétonnier nous permet de découvrir les principaux vestiges : fortifications, tours, portes d'entrée de la ville monumentales, arc de triomphe d'Auguste, pont, théâtre (un des rares couverts), amphithéâtre et cryptoportique.
Bien conservés, ils permettent d'imaginer la grandeur et la puissance de cette "cité idéale", reproduction miniature de Rome, organisée autour du forum.
Nous achevons cette visite par l'ensemble religieux monumental Saint-Ours et la cathédrale, plus important de la vallée d'Aoste, célèbre dans toute l'Europe.
Le gothique se superpose au roman de la crypte, du cloître et du campanile. Il est particulièrement spectaculaire sur la façade du XV siècle dont l'unique portail ogival orné d'un gâble arrive pratiquement au faîte du toit, surmonté par un clocheton.
Je ne peux terminer sans deux mots sur la gastronomie rustique et l'omniprésence des graisses animales. Nous avons été surpris par les tranches de gras servies sur du pain tartiné de miel mais séduits par les nombreuses charcuteries régionales et les fromages parfumés. Pour votre gouverne, sachez que le jambon vendu en France sous l’appellation "Aoste" ne vient absolument pas de cette ville ! Préférez le jambon de Parme et le San Daniele (AOC ou AOP).
Nous avions depuis un petit moment un coffret permettant de réaliser des pantins grâce à des planches en carton prédécoupées.
Chat, panda, ours, zèbre, lutin, sorcière, Père Noël, robot, magicien...les enfants ont l'embarras du choix. Certains personnages (pour les plus jeunes) sont déjà colorés, d'autres à colorier et à customiser avec des autocollants.
C'est parti pour une série de pantins articulés, reliés par des attaches parisiennes un peu difficiles à ouvrir par des enfants, mais maman est là ;)
Comme nous ne savions pas trop ou les mettre, j'ai ramassé une petite branche dans notre jardin et bricolé un support. Il ne reste plus qu'à le suspendre dans la chambre des filles.
Nous voici en route pour le plateau de Solaison, à 1500 mètres d'altitude, afin de déguster la spécialité locale, les beignets de pommes de terre, accompagnés de charcuteries parfumées.
Au cours de notre promenade nous traversons le petit village du Mont Saxonnex, perché au dessus de la vallée de l'Arve.
J'ai eu un coup de coeur pour la petite chapelle de Pincru construite au XVII dont le clocher à bulbe étincelle au soleil et la belle église Notre-Dame-de-l'Assomption située sur un promontoire qui domine en à pic la vallée, située 500 mètres plus bas.
Puis, une petite ballade facile vers la cascade du Dard à présent.
Nous suivons le cours d'eau bucolique en enjambant les troncs tombés à terre, nous essayons aux ricochets, mettons les mains (et les pieds pour les plus courageux) dans l'eau fraiche et claire avant d'arriver à la chute chantante.
Une légère brumisation naturelle est la bienvenue pour nous rafraîchir...
Depuis un bon moment je cherchais à réveiller les WC de l'étage. L'idée première était d'enlever le vieux carrelage et de jouer avec des carreaux colorés... mais l'ampleur de la tâche m'a fait reculer (pour le moment car j'aimerai tout refaire et mettre des WC suspendus).
J'ai tout simplement changé l'abattant blanc pour un concentré de couleurs (en solde, choisis par les enfants car c'est leur étage), mis une poignée de porte rouge, un cache d'interrupteur et un bouton de chasse assortis.
Nous n'avons pas résisté à la suspension en papier coloré, c'est mieux qu'une ampoule nue...
Le tour est joué !
Peut-être que ça va motiver mon petit gars à être propre !