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24 mai 2013 5 24 /05 /mai /2013 05:48

L-ange-du-bizarre.JPGCet univers mystérieux, pendant noir du romantisme,  prend naissance dans l'Angleterre du XVIIIe siècle et exploite la part d'ombre, d'excès et d'irrationnel qui se cache derrière les lumières de la raison.Goya--Le-sommeil-de-la-raison-engendre-des-monstres.JPG

Les romans gothiques anglais du XVIIIe siècle servent d'inspiration aux artistes peintres, sculpteurs, graveurs qui sont séduits par le mystère, le macabre de ces ouvrages qui leur inspirent des oeuvres inquiétantes ou grotesques. 

Goya et Géricault dénoncent ainsi les atrocités, l'absurdité de la guerre et des naufrages de leur époque, comme le montre cette gravure de Goya intitulée Le sommeil de la raison engendre des monstres alors que Füssli et Delacroix peignent les sorcières, les spectres, les cauchemars et les démons créés par Goethe, Milton, ou Shaksepeare.Füssli, Le cauchemar,1781

A gauche, le superbe Cauchemar (1781, Detroit Institute of Art) de Füssli  réveille les peurs qui sommeillent en chacun de nous. 

Certains artistes exploitent les découvertes faites sur le rêve, se tournent vers l'occulte, ressuscitent les mythes, les hordes de sorcières ricanantes, les satans lubriques, les magiciennes séductrices, les squelettes désarticulés... Baudelaire lui-même disait d'ailleurs que "le plus parfait type de beauté virile est Satan à la manière de Milton". 

Bouguerau--Dante-et-Virgile-aux-enfers-1850.JPGNous en avons un bel exemple avec ce Dante et Virgile aux enfers réalisé en 1850 par un peintre plutôt académique d'habitude, Bouguerau. Dante et Virgile assistent au combat de deux âmes damnées : Capocchio, un alchimiste hérétique mordu au cou par Gianni Schicchi qui avait usurpé l'identité d'un homme déjà mort afin de détourner son héritage.  C'est un combat furieux de muscles, de nerfs, de tendons dans des postures exacerbées et un contraste outrancier entre les coloris et les ombres.Levy-Dhurmer--Meduse--1897.JPG

Les artistes lisent également de nombreux romans noirs. Ils sont le symptôme le plus intéressant d'un siècle de mutation, à la fois libertin et superstitieux, révolutionnaire et nostalgique, libre penseur et effrayé par ses audaces. Dans cette littérature, dans ces sculptures, dans ces peintures, les femmes apparaissent comme dans les poèmes de Baudelaire, à la fois séduisante et destructrice. 

La figure de Méduse est particulièrement bien représentée dans cette exposition. Face béante, hurlante, grouillante de serpents, elle pétrifie ceux qui croisent son regard depuis qu'elle a été violée par Poséidon.  Nous ramenant à la psychologie de la castration, à la fois victime et agresseur, elle renvoie le spectateur à ses hantises et la société bourgeoise puritaine à ses paradoxes. Eternelle-douleur-P.Darde.JPG

Cette femme fait en effet référence aux prostituées car la jeune vierge est injustement enlaidie et bannie après le viol d'un dieu. J'adore cette Méduse ou Vague furieuse de Lucien Lévy-Dhurmer (1897, pastel et fusain sur papier, Orsay), le bouclier de la Méduse de Böcklin et j'ai été très touchée par l'Eternelle douleur, sculpture en marbre de Paul Dardé. Bouclier-de-la-Meduse--Bocklin.JPG

L'imaginaire triomphe sur la réalité au lendemain de la seconde guerre mondiale avec les surréalistes qui font de l'inconscient, du rêve et de l'ivresse le fondements de la création artistique.

Au même moment, les cinéastes adaptent Frankenstein, Faust, Dracula et le romantisme noir s'installe dans l'imaginaire collectif. De nombreux films expressionnistes des années 1920-1930 sont projetés dans l'exposition, ainsi que les premiers de Hitchcock et des extraits du surréaliste Chien Andalou de Luis Buñuel.

L'exposition surprend, mise sur des tableaux secondaires, présente des oeuvres fort différentes, intéressantes même si certaines ont  du mal à y trouver vraiment leur place mais propose surtout une réflexion passionnante sur l'évolution du siècle et de ses mentalités grace à des rapprochement entre tous les arts et l'histoire. Évitez la boutique qui propose certes un choix éclectique de romans, livres d'art, essais philosophiques, métaphysiques, ésotériques en tout genre mais également des bougies roses pétard en forme de crâne et des salières et poivrières de la même forme en noir et blanc ! C'est la démocrânisation de la culture !

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